Les questions fusent en ce moment dans ma tête… Depuis que j’ai retravaillé mon image de marque c’est comme si j’avais ouvert la boîte de Pandore. Je peux enfin m’exprimer, me lâcher, être moi, mais tout se bouscule. Par quel bout prendre tout ce qui m’intéresse ? Comment articuler toutes ces questions qui viennent à moi ?

« Aller voir plus loin… s’intéresser à des questions plus personnelles

qui touchent à notre cheminement »

Je me demande quelle décoration je veux défendre ? Ethique, éco-responsable, accessible à tous ? Est-ce qu’on peut promouvoir une décoration éco-responsable et pour autant à des prix accessibles ? Comment exposer ma philosophie de la décoration qui finalement se rapproche même carrément plus d’une philosophie de vie ? Vivre simplement, consommer raisonnablement (pour le résumer grossièrement). Comment est-ce que j’ai envie de parler de décoration ? Une chose est sûre : sans fioritures ! Loin du style de la presse féminine et des magazines déco dont certains ont tendance à utiliser le « on » systématiquement (« On aime le mix and match… », «  On adopte sans retenue cette ambiance… »). Je trouve ce style un peu naïf, et le vocabulaire plutôt « pauvre ». Je crois que j’ai envie d’un ton simple certes mais pas simpliste, de mots vrais et précis. C’est un peu comme lorsqu’on nous explique de parler au bébé de la manière la plus naturelle possible sans « gagatiser ». Et puis finalement la décoration est-ce que c’est si léger que ça ? Sans dire d’intellectualiser le truc mais tout de même ça touche directement à notre habitat, c’est notre lieu de vie. Très honnêtement, ça ne peut pas être si futile. Tout le monde aspire à avoir un intérieur agréable et confortable dans lequel il peut se ressourcer. Un intérieur à soi, pour soi et qui lui ressemble : j’entends par-là qui réponde honnêtement à ses besoins pas à ceux que la société nous crée. Si on réfléchit à cela, la réponse n’est pas si simple. Dans cette optique, je trouve qu’il ne faut pas se limiter aux seuls magazines et livres déco qui se font le relais des tendances. Un jour vous achetez le fauteuil scandi, le lendemain c’est le panier tressé rapporté du Maroc… Je trouve intéressant d’aller voir un peu plus loin, de s’intéresser à des questions de style de vie, des questions plus personnelles qui touchent à notre cheminement, notre rapport aux autres, histoire de vraiment se trouver, de savoir qui l’on est et ce à quoi nous aspirons d’une manière générale. Voir ce qui nous définit pour ensuite mieux définir notre intérieur. A ce titre, j’ai découvert des auteurs très inspirants, qui travaillent dans la décoration ou non, comme Mooreal Seal notamment, auteure anglaise, qui se questionne sur notre relation à notre intérieur, comment le définir par rapport à notre personnalité ou comment notre personnalité va interagir sur notre intérieur (« Make Yourself at Home : Design Your Space to Discover Your True Self », 2017, Sasquatch Books). Je pourrais également citer Atlanta Bartlett, une célèbre styliste anglaise et auteure à succès. J’aime son style, sa discrétion et son honnêteté. Elle travaille avec de nombreux magazines comme House & Garden ou Elle décoration par exemple mais ne s’étale pas sur les réseaux sociaux (un peu plus de 1700 abonnés sur Instagram à l’heure actuelle). Elle défend un style décoratif décontracté et accessible que j’apprécie énormément et ses livres vont dans ce sens, notamment « Keep it simple : A guide to a happy, relaxed Home » (2015, Ryland Peters & Small – entre nous son titre français ne lui rend pas justice : « Inspiration deco. Conseils et idées créatives pour un intérieur où il fait bon vivre »). Et les questions reviennent à moi, sans cesse : qu’en est-il de l’imperfection en matière de décoration ? De l’imperfection en règle générale, dans la vie ? S’intéresser à la philosophie du wabi-sabi, lire encore et encore…

« C’est un livre ouvert, une réflexion,

une pratique qui s’enrichit au fil du temps… »

Ce que je sais c’est que tout ce que je vois en ce moment dans les grandes enseignes me lasse et en même temps j’ai bien conscience qu’on ne peut pas tous consommer du design eco-responsable. En soit je n’ai rien contre ces grandes enseignes, j’apprécie même particulièrement certains produits de chez Ikea. Les meubles sont abordables, pratiques et fonctionnels. Est-ce que je dois culpabiliser parce que je consomme du Ikea ? Tout est question de mesure et de besoin. Adapter sa décoration intérieure à ce dont nous avons vraiment besoin. Ce que je sais aussi c’est que je ne veux pas me positionner sur le créneau « décoratrice eco-friendly » qui ne travaille qu’avec des créateurs et designers et qui bannit tout élément déco du commerce comme si c’était le mal incarné. D’une part, je trouve cette position dure à tenir et qui plus est assez culpabilisante voire d’une certaine manière hautaine. Ce qui m’intéresse en fait c’est de consommer raisonnablement. C’est en tout cas ma réponse. Rien n’empêche d’acheter un meuble chez Ikea, un canapé par exemple, de le personnaliser avec de beaux coussins choisis chez des créateurs cette fois-ci. Il est vrai que je me suis rendue compte que je donnais beaucoup plus d’importance à ce qui va habiller un meuble plutôt qu’au meuble lui-même. De cette façon, vous pouvez acheter une grosse pièce à moindre coût et la personnaliser avec des éléments uniques. Je trouve là important d’aller chercher les accessoires déco en dehors des grandes enseignes. Je trouve que ce sont ces éléments-là qui donnent vie à votre intérieur : une housse de coussin faite avec des anciens torchons en lin, de vieilles photos noir et blanc chinées dans les vide-greniers, une affiche réalisée par un artiste… et puis bien-sûr vos souvenirs, à exposer. Les dessins des enfants, les photos de voyages, les livres qui vous inspirent… Finalement pas besoin d’acheter encore des accessoires décoratifs qui vont venir s’accumuler dans un tout personnel qui se suffit à lui-même !

Voilà, je n’ai sûrement pas répondu à mes questions mais j’ai déjà couché sur le papier une partie de ce qui m’interroge alors c’est un début… C’est un livre ouvert, une réflexion, une histoire, une pratique de la décoration qui évolue et s’enrichit au fil du temps, au fil de mes lectures, à l’image d’un intérieur qui représente un parcours de vie.

Mel. +++